Au retour de son voyage, Pierre fait face à deux constats difficiles…
Le premier, il a de la difficulté à renouer contact avec ses proches. En effet, que ce soit ses frères et sœurs ou encore ses amis et connaissances, il ressent une grande indifférence face à ce qu’il a vécu au bout du monde. Alors que pour Pierre, cette aventure l’a complètement transformé… Ce décalage par rapport aux gens qui sont restés ici lors de son voyage le touche profondément.
Le deuxième, c’est son incapacité à se « caser » dans un horaire de 9 à 5. Son premier emploi, il le quitte après seulement 3 mois, après s’être rendu compte que s’il occupait ce genre de poste toute sa vie, il la terminerait en n’ayant rien accompli.
L’ancrage
L’ancrage de Pierre arrivera un peu par hasard… En cherchant un terrain pour ami qui voulait s’établir, Pierre découvre un petit coin de paradis à Rigaud. Son ami préférant une autre région, c’est notre aventurier qui décide d’acquérir le terrain et de d’y bâtir sa vie.
Dans les mêmes années, Pierre aide aussi des connaissances au travail du sirop, au temps des sucres. Il se découvre alors une véritable passion à travailler dans la nature, dans le cycle de production du sirop.
« Car c’est là que tout a commencé, dans la lumière assourdie des premiers jours de printemps, sous les nuées d’oiseaux revenus de leur longue migration (…). Pierre "tombe en amour" avec la beauté de la forêt, la tranquillité de la montagne, la vie marquée au rythme des saisons, le travail de l’érablière accompagné du seul chant des oiseaux »*.
C’est ce qu’il faudra à notre Pierre pour qu’
il trouve sa voie après un si long voyage de par le monde… Le retour de voyage offre souvent des émotions bien particulières, mais
la nature et la forêt d’érables auront réussi à ressourcer notre voyageur et à le reconnecter avec lui-même : le travail acharné, le goût de réussir, le sentiment de bâtir quelque chose de grand…
On le sait, ce sera le début d’une belle aventure qui dure depuis bientôt quarante ans!
La cabane
Après avoir acheté la cabane à sucre de monsieur Seguin,
Pierre fait face à un défi de taille. La clientèle héritée de l’ancienne cabane n’est pas tout à fait ce que Pierre avait en tête lorsqu’il s’imaginait « une clientèle de rêve » pour une sucrerie. Les gens y viennent avec leur alcool, se saoulent et se battent même parfois… Il doit changer les choses.
« Et pour ce faire, il imagine un concept qui sera à la base d’une réussite sans égal au Québec, et pas mal loin alentour. (…)
Son idée est de relier le patrimoine québécois à la Cabane à sucre en montrant la façon dont vivaient les premiers arrivants, avec les lampes à huile, les anciens outils aratoires, les grandes tables de bois autour desquelles s’asseyaient sur des bancs les nombreux membres des familles de l’époque... »*.
Et pour matérialiser sa vision,
Pierre entreprend des travaux à la cabane : eaux courante, petite cuisine, nouveau décor, nouveau menu, nouveaux prix pour attirer une clientèle qui recherche de la qualité dans un repas traditionnel du temps des sucres…
Il distribue lui-même des milliers de dépliants partout à Montréal pendant les mois de janvier et février, de sept heures du matin à huit heures le soir, afin de faire connaître son concept. Et il obtient des résultats! Dès la première année, il remarque un changement dans le type de clientèle et une plus grande affluence qui laissent présager un immense succès.
Aujourd’hui, ce sont littéralement
des gens de partout à travers le MONDE (oui oui!) qui viennent non plus seulement manger à la Sucrerie de la Montagne, mais vivre l’expérience de ce monde que Pierre a su créer, à partir de son imagination débordante, puis de son travail acharné.
Pour le client, c’est un
véritable enchantement de pouvoir vivre cette expérience. La vraie nourriture des recettes traditionnelles, le décor authentique, la présence continuelle du feu, autant à l’extérieur, pour nous accueillir à la Sucrerie, qu’à l’intérieur dans les salles à manger, et toute la méthode traditionnelle de production du sirop.
Cet ancrage, il le doit entre autres à ses parents qui ont été parmi les seuls à croire en lui lors de son retour de voyage et qui l’ont encouragé à
ne pas se fondre dans le moule, à écouter son instinct et à suivre sa voie…
La Sucrerie de la Montagne, c’est donc en partie un
hommage à ces deux personnes inspirantes qui ont aidé Pierre à devenir celui qu’il est aujourd’hui...
*Tiré du livre « Chronique d’une vie enracinée »